Jean-Paul Thibaud
Le devenir ambiant du monde urbain
L'ampleur que prend actuellement la thématique des ambiances et des atmosphères en est un indice : notre manière d'être sensible aux espaces que nous habitons est bel et bien en train de changer. Qu'en est-il de l'ambiance dans l'explicitation et la transformation de nos conditions sensibles d'existence ? N'assistons-nous pas à l'émergence d'une nouvelle écologie des sens davantage attentive à l'existence atmosphérique de nos milieux de vie ? Peut-on parler d'un devenir ambiant du monde urbain ? Poser de telles questions conduit à mettre à jour les puissances de l'ambiance, à s'interroger sur ce qu'elle est susceptible de faire et de donner à penser en matière d'urbanité.
Plutôt que de poser l'ambiance comme un domaine clos sur lui-même, il s'agira de tracer quelques lignes de fuite permettant de naviguer au sein de cet océan mouvant : une ligne de rencontre s'intéressera aux divers processus d'esthétisation qui traversent et préfigurent une écologie urbaine des ambiances ; une ligne d'existence se demandera pourquoi l'ambiance est si difficile à saisir et pourquoi elle résiste à toute détermination par trop définitive ; une ligne de paradoxe mettra en tension la force vitale et affective de l'ambiance et sa capacité d'emprise et de contrôle ; une ligne de questionnement prendra la mesure du pluralisme des paradigmes d'ambiance et s'interrogera sur leur dialogue et leur différent ; une ligne d'effectuation accompagnera l'ambiance dans ses fabriques matérielles, ses efficaces pratiques et ses usages scientifiques.
La proposition sera donc très généraliste, ne visant pas l'approfondissement d'une problématique particulière en matière d'ambiance, ni une quelconque exhaustivité des références et des travaux, mais souhaitant plutôt contribuer à construire un cadre de pensée dynamique pouvant aider à s'orienter. L'hypothèse qui guidera ce cheminement est que la notion d'ambiance fonctionne comme un analyseur et opérateur des transformations du milieu urbain. Le propos sera délibérément exploratoire et prospectif. L'accent se portera plus particulièrement sur le caractère transverse et nomade de la notion d'ambiance… sur son efficace et ses modes opératoires… sur son existence moindre, discrète et infraliminaire…
Biographie
Jean-Paul Thibaud, sociologue, est directeur de recherche au CNRS. Il est chercheur au CRESSON (Centre de Recherche sur l’Espace Sonore et l’Environnement Urbain, UMR 1563 Ambiances Architectures Urbanités). Son domaine de recherche porte sur la théorie des ambiances urbaines, la perception ordinaire en milieu urbain, la culture et l’ethnographie sensible des espaces publics, l'anthropologie du sonore, les méthodes d'investigation in situ. En 2008 Jean-Paul Thibaud a fondé le Réseau International Ambiances (www.ambiances.net). Il a récemment publié un livre intitulé En quête d'ambiances. Eprouver la ville en passant (Genève: MétisPresses, 2015).
Prodromos Nikoforidis et Bernard Cuomo
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Le projet d'aménagement du Nouveau Quai de Thessalonique c'est avant tout l'aventure d'une rencontre avec un lieu, mais aussi d'un dialogue, car dans le concept, la générosité du contexte, les ambiances liées aux phénomènes naturels ont une importance essentielle. Il s'agissait donc de témoigner au travers de cette confrontation un peu de la fascination constante que procurent le paysage et ses variations.
Un espace public n'est néanmoins pas uniquement un lieu de contemplation. C'est désormais un lieu de vie et d'usage qui appartient à tous, mais aussi à chacun. La fréquentation, les phénomènes d'appropriation et les initiatives citoyennes contribuent à rendre compte du caractère de cet espace et à lui insuffler sa vitalité.
Biographie
Prodromos Nikiforidis et Bernard Cuomo travaillent ensemble depuis 1986. Leur chemin commun a commencé à partir de l'école d'architecture de Toulouse au début des années 80.
En 1986, ils participent à la première compétition architecturale. Parmi les projets à ce jour: Bâtiment résidentiel à Paris 1992-1994, Centre culturel et de Théâtre de Menemeni Thessalonique 1997, Technopolis Thessalonique 2006-2009, le Trésor de la Banque de Grèce à Thessalonique 2001-2009 et la Réaménagement du bord de mer à Thessalonique 2000 -2014.
En 2009, ils reçoivent le Prix d'architecture pour les cinq années 2004-2008 donné par l'Institut grec d'architecture 2014, le Prix UIA Union -International des Architects- espaces conviviaux accessibles à tous pour la régénération du bord de Mer de Thessalonique, le prix SADAS-PEA pour quatre années 2010-2014, le prix STRUCTURES pour le meilleur projet mis en œuvre pour les années 2010-2014, alors qu'en 2015, lrégénération du bord de Mer de Thessalonique a été inclus dans la liste finale pour le prix Mies van der Rohe 2015 et a reçu le prix prix Archmarathon 2015. Ces récompenses ont été précédées par d'autres prix de compétitions internationales, pan-européennes et nationales, tels que le premier prix du concours EUROPAN 2, le premier prix pour la refonte de l'Axe monumental d'Aristote, le premier prix Académie des Arts et de la Culture de la municipalité de Kalamaria, une mention d'honneur pour l'appel d'offres pour la reconstruction du centre d'Athènes "Rethink Athènes", l'un «prix pour la réhabilitation du front de mer de Naples Monemvasia etc.
En 2016, ils recoivent le Prix décerné par le Concours professionnel Yan Award Ye et ils ont été sélectionnés par l'AIAC et l'A10 pour représenter la Grèce au sein de l'IN Fuoribiennale Venise.
Ils ont participé à de nombreuses expositions et conférences
François Laplantine
Ambiance, lieu commun, temps commun, lieu créant du lien
Transformations esthétiques du sensible et apories du langage
Deux tendances contradictoires se profilent dans le monde contemporain : une tendance à l’uniformisation (architecturale, musicale, …), une tendance à la fragmentation. Ce que l’on appelle mondialisation conduit les sociétés soit à se dissoudre (dans l’indifférenciation des formes) soit à se durcir (dans des réactions différentialistes). Mais à côté des logiques de l’alternative (ambiance « branchée »/ambiance « ringarde », quartiers « ouverts »/quartiers « fermés », innovation/conservation), il peut aussi exister comme au Japon une rythmique de l’alternance qui contredit la stabilisation par le principe d’identité et du tiers exclu.
Le devenir des ambiances pose la question de la transformation de l’espace par le temps. Comment le temps imprime l’espace ? Comment l’espace exprime le temps ?
À partir d’observations ethnographiques d’ambiances quotidiennes discrètes de la vie de la rue dans les villes de São Paulo, Tokyo et Pékin, nous verrons qu’une ambiance est la rencontre singulière entre un milieu et un moment. Elle s’effectue dans une subjectivité (collective) impliquant à la fois partage du sensible, mémoire et imaginaire.
Le défi posé par la thématique de ce 3ème Congrès est indissociablement épistémologique et linguistique. Une ambiance ne peut être provoquée et encore moins programmée. Elle n’est pas un « objet ». Elle ne se déroule pas dans l’espace et le temps, mais génère un espace-temps imprévisible et indéductible. Nous n’« avons » pas une ambiance pas plus que nous « allons » vers elle. Une ambiance vient à nous, indivisible, difficilement dicible et néanmoins indéniable. Or cette expérience résiste au dualisme occidental du sujet et de l’objet. Elle n’est guère compatible avec la particularité des langues indo-européennes dans lesquelles la construction grammaticale de la phrase est entraînée par un sujet occupant une position d’antériorité, d’extériorité et de supériorité et ayant tendance à s’abstraire d’un environnement réduit à un décor. Il n’est pas possible d’énoncer une ambiance de manière européocentrée à partir d’un « moi je » préexistant à un contexte et pouvant s’en abstraire. C’est le caractère intransitif de cette expérience qui sera questionné à travers la langue japonaise qui ne sépare pas le sujet (shutai), le lieu (basho), le milieu (fôdo) et le lien (ningen). Toutefois si une ambiance peut difficilement être énoncée dans le langage commun et analysée (c’est-à-dire décomposée) par le langage savant (Wittgenstein), elle peut être racontée, chantée, dansée, filmée, mise en scène. Mais alors ce qui est ainsi non plus représenté, mais recrée est une autre ambiance.
Biographie
François Laplantine est professeur émérite à l’Université Lyon 2 où il a fondé le département d’anthropologie. Ses recherches, qui ont été menées principalement au Brésil où il est Docteur Honoris Causa de deux universités, se poursuivent aujourd’hui en Chine et au Japon. IL est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages traduits en plusieurs fois langues. Derniers titres : Tokyo ville flottante (Stock 2010), Une autre Chine (De l’incidence 2012), Quand le moi devient autre (CNRS Editions), L’énergie discrète des lucioles. Anthropologie et Images (Académie 2014) Non. Négation, négatif, négativite entre Chine, Japon et Europe (De l’incidence 2016).
Aglaée Degros
L’art de relier
L’art de relier – de rassembler les espaces, les gens et les milieux – est la pierre d’angle des ambiances de demain.
Alors qu’auparavant, la limite, la surface et la frontière étaient les éléments définissant les ambiances urbaines et rurales, nous entrons dans une époque qui prend en compte ce potentiel du lien. Si les liens redéfinissent le territoire et le paysage, ils sont également porteurs de régénération sociale, économique, écologique et architecturale. Les nouvelles infrastructures cyclables : la Nordbahnstrasse, la Belle-Vue Fietssnelweg et la Ciclovia Belém en sont l’illustration.
Les modes d’action utilisés pour leur mise en place sont dans un registre diffèrent de ceux utilisés précédemment, ils sont collaboratifs et n’hésitent pas à employer la ruse avec des actions de guérilla, de mock-up, de design incrémental, de plan de transition, comme autant de modalités qui participent à créer l’ambiance de demain…
Biographie
Aglaée Degros est architecte et la cofondatrice d'Artgineering, bureau d'urbanisme situé à Rotterdam (NL) et Bruxelles (BE). À partir de l'observation précise de réalités territoriales existantes, l'agence se situe au point de rencontre entre la production spatiale, sociale et culturelle de l'espace.
Aglaée Degros est la professeur du département d’urbanisme à la TU de Graz (Autriche).
Marcos Novak
Oh, Ambient Demons: ἰὼ φίλοι δαίμονες, ἀμφιβάντες πόλιν
4 Jan. 2016:
Deadline for abstract submission
20 Fev. 2016:
End of review phase
25-26 Fev. 2016:
Feedback to authors
3 May 2016:
9 May 2016:
NEW Deadline for article submission
21-24 Sept. 2016:
Congress